N’Djaména - Le Programme d’Eradication de la Poliomyélite du Bureau Régional de l’OMS pour l’Afrique a déployé une mission de plaidoyer de haut niveau au Tchad pour évaluer la mise en œuvre des différentes stratégies de l’Initiative Mondiale pour l’Éradication de la Poliomyélite (IMEP) dans le pays. Cette mission, qui s’est déroulée du 3 au 14 juin 2024, a permis d’évaluer la mise en œuvre des différentes composantes de l’IMEP, de discuter avec les principaux acteurs et de faire des suggestions dans le cadre du renforcement des activités y afférentes.

« Malgré d’importants problèmes de santé publique dans un contexte de rareté des ressources, le Tchad ne bénéficie pas suffisamment d’attention et nous attendons beaucoup de la présente mission, » a indiqué Dr Abdelmadjid Abderahim Mahamat, Ministre de la santé publique lors de sa rencontre avec la mission de l’IMEP.

En effet, pendant son séjour, l’équipe a rencontré les hautes autorités du pays notamment : le premier Vice-Président de l’Assemblée nationale (Conseil National de Transition (CNT)), le Premier Ministre Chef du Gouvernement, le Ministre de la santé publique, Dr Abdelmadjid Abderahim Mahamat.

« Une bonne collaboration est indispensable entre le Gouvernement, le Parlement et les Partenaires au développement pour la mise en œuvre des interventions en faveur de la population tchadienne, » a déclaré Monsieur Ali Kolotou Tchaimi, premier Vice-Président de l’Assemblée Nationale (Conseil National de Transition (CNT)). Ceci d’autant que le contexte du Tchad est particulier avec l’afflux massif de réfugiés à l’Est et dans le Sud du pays. « Nous comptons sur l’OMS pour appuyer non seulement les activités de l’Éradication de la poliomyélite mais aussi la prévention des autres maladies surtout avec la saison des pluies qui arrive, » a mentionné Monsieur Allamaye Halina, Premier Ministre, Chef de Gouvernement.

En plus des hautes autorités, la mission a également rencontré les Représentants résidents de l’OMS, UNHCR, UNICEF, la Banque Mondiale, l’équipe technique Santé de l’OIM, l’OCHA, les membres du Rotary International, l’USAID, les membres des Comités Nationaux Polio (CNC, CNEP et GTCP), le Secrétaire Général du Ministère de la santé publique, le Directeur Général de la santé publique ainsi que les Directions techniques impliquées dans l’IMEP.

Pour sa part, la Représentante résidente de l’OMS au Tchad, Dre Blanche Anya, a émis le vœu qu’un plaidoyer soit mené auprès du Président de la République par le Parlement et le Premier Ministre, pour la reprise des réunions de santé qui se tenaient à la présidence tous les 24 du mois. Une attente à laquelle le Premier Ministre a répondu favorablement.

Pour rappel, après des efforts importants, le Tchad avait réussi à interrompre la circulation du Poliovirus Sauvage (PVS) et a été déclaré « pays indemne de PVS » en juin 2016. Cependant, à partir d’importations, la circulation des Poliovirus variants circulants est une réalité dans le pays depuis 2019 et continue jusqu’à présent, du fait de la faible immunité de la population.

Selon l’évaluation du risque conduite par pays par l’IMEP dans la Région africaine de l’OMS en mars 2024, le Tchad est classé parmi les pays à haut risque pour la transmission des poliovirus. Plus précisément, 8 des 23 provinces du pays sont à haut risque car ayant enregistré une transmission continue du poliovirus au cours des 12 derniers mois. Une province (Logone Oriental) constitue le réservoir de base, avec une transmission locale persistante au cours des 24 derniers mois. 

Par ailleurs, 19 virus orphelins ont été détectés au Tchad dont 2 en 2022, 16 en 2023 et un en 2024, ce qui révèle d'importants défis en matière de surveillance.

La mission a identifié des points forts, des défis et proposé des actions à mener pour la surveillance, la vaccination de routine, la coordination générale de la réponse et la coordination de la prise en charge des réfugiés. Elle a estimé que malgré la riposte de grande ampleur menée entre 2022-2023, la flambée de poliovirus n'est pas terminée et il reste des lacunes importantes à combler avant que le Tchad puisse être à mesure de mettre fin à l’épidémie.